Démarche

Il s'agit d'interroger notre rapport au temps par la confrontation entre la matière immobile et son activation par le cinéma d'animation.

Les dessins s'empilent par milliers au fil des mois, alors qu'à l'écran leur durée n'est que de quelques secondes. 25 dessins font une seconde de film. Immobilité des dessins réalisés dans une extrême lenteur et mouvement des formes qu'ils portent qui se dérobent dans le flux frénétique de la projection : c'est avec ce paradoxe qu'il va falloir négocier.
Pourtant, nous partons du même souffle. D'une même impulsion deux visages émergent : l'un immobile (dessin, volume, peinture), tangible, préhensible, inscrit dans l'espace, face auquel je me tiens, autour duquel je peux tourner. L'autre, mouvant (film), insaisissable, changeant et se transformant continuellement, que j'observe sans bouger. Ce sont deux expériences d'une même forme, deux incarnations différentes du temps dans la forme. Chacune d'elle contient l'autre sans pourtant parvenir à le devenir car il demeure simultanément dans chacune le manque de l'autre; et c'est dans cette zone intermédiaire où nous glissons de l'immobilité au mouvement qu'une singularité poétique semble se condenser.